samedi 9 janvier 2010

Nos premiers six mois à Mayotte

Nous nous sommes faits des amis, mais ils sont tous comme nous des expats. Etre expat ce n'est pas une question de couleur, mais une question de mentalité, d'origine. Et les locaux que je connais et que j'apprécie sont aussi des gens venus d'ailleurs. Les seules personnes vraiment locales que j'ai rencontrées, ne sont pas des personnes appréciables. Ils sont hautains, incompétents et plein de mépris pour les gens qui ne sont pas d'ici.


Dès que j'ai eu l'appart, je suis allée demander l'ouverture d'une ligne téléphonique et d'internet, c'était au mois d'août, je n'ai eu la ligne que fin novembre et puis début décembre ils l'ont coupée parce que je n'avais pas payé les deux premières factures téléphoniques, c'est-à-dire, celle de septembre et celle de début novembre. Ceci dit, ils prélevaient les factures d'internet depuis septembre alors que j'avais même pas internet puisque pas de téléphone. Au moment où je vous écris, je n'ai toujours pas été remboursée.


Aucun professionnel de France Télécom Mayotte, ne m'a expliqué pourquoi cela leur prenait tant de temps pour me mettre la ligne. J'y suis allée pratiquement toutes les semaines quand j'étais disponible, et toutes les semaines j'ai eu droit aux mêmes regards étonnés, aux mêmes exclamations, aux mêmes réflections, et aux mêmes solutions. Ce n'était pas normal que ma ligne n'ait pas été ouverte depuis le temps, donc on appelait le service client, on me disait qu'ils m'appeleraient tel jour pour convenir d'un rendez-vous où le technicien viendrait s'occuper de l'ouverture de ma ligne. Et puis j'attendais jusqu'à la semaine suivante et rebelote.


Ce n'est qu'une fois que j'ai eu à faire à une métro que j'ai pu enfin résoudre le problème de la connection de la ligne. Malgré les promesses du service client de France Télécom Mayotte les factures de téléphones n'ont pas effacées. Il m'a fallu appeler la métropole directement pour que les choses rentrent dans l'ordre. . Et encore... ce n'est pas fini puisque j'ai appris hier que j'avais deux connections internet alors que je ne suis abonnée qu'à une seule. Et bien sûr, après tout cela, personne a pensé présenter des excuses ou mieux m'offrir une ristourne quelconque. Il parait que c'est ainsi parce France Télécom Mayotte s'occupe de l'installation, des contrats etc...mais c'est le centre de Bordeaux qui s'occupe des factures et de l'encaissement. On voit que la confiance reigne. Donc la main droite ne sait pas nécessairement ce que fait la main gauche!


A la poste de Kawéni, j'ai vu les guichetiers malmener un Mzungu, tout simplement parce qu'il était métropolitain. Celui-ci voulait envoyer un western union et il s'est entendu dire qu'ils avaient rempli leur quota du jour et donc ne pouvaient plus accepter les mandats.


Après une heure et demi d'attente dans une queue interminable, s'entendre dire cela est assez choquant. Quand il a demandé pourquoi ils n'avaient pas afficher l'information, le guichetier auquel il s'adressait se mit à le tutoyer :
"Tu n'avais qu'à écouter au lieu de garder le nez collé à ton livre!" lui rétorqua-t-il haut et fort et avec un mépris bien appuyé.


Furieux le Mzungu demanda à voir le manager, le guichetier le renvoya d'un geste de la main, comme on renvoie une mouche, ce qui força le métro à s'adresser à l'autre guichetier, qui lui répondit avec une belle grimace méprisante et un sourire mauvais :

"Il faut aller à la direction, le manager n'est pas là!"
" Pouvez-vous, s'il vous plaît, me dire où cela se trouve, vous voyez bien que je ne suis pas d'ici ?" insista le bonhomme.
"La direction c'est là-bas," lui dit-elle en lui indiquant la porte de sortie.

Vaincu, il s'en alla sans demander son reste.


J'ai été choquée par un tel déballage de mépris et de méchanceté. Bien sûr, personne ne broncha, même pas moi. La seule qui réagit à cette scène fut ma fille qui me demanda pourquoi les guichetiers parlaient comme cela au monsieur! Là, je réagis enfin en lui disant tout simplement : "Nous sommes à Mayotte ici, pas en métropole, les lois et les règles ne sont pas les mêmes de toute évidence!"


Un autre exemple parmi tant d'autres, malheureusement : la maman de l'une des camarades d'école de ma fille, m'appelle et me demande de laisser la nounou de ma fille s'occuper de ses enfants l'après-midi, chez moi; en échange elle me ramènerait ma fille après le spectacle qui avait lieu, ce soir là, à l'école. J'étais malade et je ne pouvais pas accompagner ma fille à ce spectacle, donc sa proposition tombait à point nommé car bien que j'avais demandé de l'aide à son école, je n'avais reçu aucune proposition en ce sens.


Heureusement que la nounou qui avait accompagné les enfants au spectacle était restée pour le voir, sinon ma fille se serait retrouvée seule à 8h du soir à des kilomètres de chez nous. En effet, cette bonne femme eut le culot d'embarquer ses enfants et de laisser ma fille plantée là car elle n'avait ni la place, ni le temps de la ramener à la maison. Et quand affolée, ma fille lui rappela sa promesse, elle lui dit : "tu n'as qu'à aller voir la directrice de ton école". Heureusement, la nounou était là et elle ramena ma fille à bon port. Là non plus, il n'y eut aucun besoin ressenti de présenter des excuses ni par téléphone, ni par écrit, ni autrement d'ailleurs.


Donc, pour l'instant l'adaptation est assez difficile. A cela, se rajoute la maladie et le mauvais temps. Eh! Oui le soleil n'a duré qu'un certain temps. La mousson s'est installée et nous en fait voir de toutes les couleurs. Enfin pas vraiment, c'est gris sur gris tous les jours, et la flotte n'est bien sûr pas en reste. Puis cerise sur le gâteau, l'état des routes est catastrophique, malgré les efforts déployés. Mais je doute que ces efforts soient les bons !


Mayotte n'est pas le paradis sur terre que ce soit pour les clandestins pourchassés à longueur d'année par la police nationale, ou les métropolitains méprisés par les locaux. Et je ne parle pas de la prostitution rampante et de la pédophilie. Deux fléaux du coin, paraît-il ! Je dis bien paraît-il! D'ailleurs c'est pour cela que je n'en parle pas. Tout ce que je peux dire c'est que les gens qui ont été sympas avec moi jusqu'ici sont tous sans exception des gens qui ne sont pas Mahorais. Ils sont toujours d'ailleurs!

Ce serait quand même dérangeant de conclure que les Mahorais sont tous ainsi pour la seule raison que ceux que je connais en métropole - et certains sont même des membres de ma famille - sont des gens généreux et fabuleux.


Alors je ne vais pas choisir cette conclusion, car ce serait dire qu'un bon Mahorais ne se trouve qu'en métropole. Ce qui serait quand même une ineptie! Je pense qu'il va falloir patienter et voir comment les choses évoluent tout simplement.

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