mardi 17 juillet 2012

Le quartier des Hauts Vallons à Majicavo Lamir


Mayotte ! Toujours aussi énigmatique pour moi ! Ma fille s'y adapte mieux, mais moi, je n'y arrive toujours pas ! Et pourtant j'adore Mayotte, c'est un endroit magnifique avec des lieux idylliques. L'hippocampe gardera tout son mystère en ce qui me concerne!


J'habite à la lisière de Majicavo Lamir, dans un quartier aux noms multiples : Kora, les 3 vallées, les Hauts Vallons. Son sobriquet c'est Mzunguland car c'est considéré comme un quartier huppé. C'est ici que la plupart des métropolitains atterrissent quand ils s'installent à Grande Terre. Puis les plus futés vont voir ailleurs! Nous on y est restés! Même si les loyers sont carrément scandaleux! Comme Nice, Cannes ou Paris, Mayotte est un des départements les plus chers.


Les belles maisons y abondent. Beaucoup de métropolitains ont acheté ici, et quand ils s'en vont ils louent aux autres métros qui arrivent. Mais les mahorais ne sont pas en reste ! Les plus nantis ont investi eux aussi dans le quartier. Ils y habitent ou ils louent aux Mzungus (métropolitains) pour arrondir les fins de mois. 


La sécurité est primordiale - et tous les moyens sont mis à dispositions des particuliers pour se prémunir de la violence latente qui animent certains éléments de la société mahoraise. Pendant les émeutes, nombreux sont les Mzungus qui ont été agressés, raquettés, voire même violées. Et nombreux sont ceux qui - paniqués - sont rentrés traumatisés en métropole. Ceci dit, à Mzunguland nous étions étroitement protégés. C'est une des raisons qui font que nous ne bougeons pas d'ici malgré les loyers indécents qui y sont pratiqués. 


Les Hauts Vallons sont un quartier en expansion, les constructions y abondent. Ils ont même construit des HLM pour les plus modestes d'entre nous. La ministre Marion Planchard est venue l'année dernière inaugurer les lieux, qui à l'usage se sont révélés extrêmement décevants et n'attirent plus les gens car les vols s'y multiplient. Il paraît qu'il est très facile de s'y introduire ,donc les voleurs s'y adonnent à coeur joie. Ce que je reproche aux promoteurs du quartier c'est leur manque de respect pour l'environnement. Il n'y a aucun espace vert, aucun lieu de détente et aire de jeu pour les enfants. Rien! Ils ne pensent qu'à s'en mettre plein les poches! C'est écoeurant!

Ceci dit les plus nantis d'entre nous vivent dans des villas plus ou moins cossus. Cette maison sort quand même du lot ! Mais les autres s'agrémentent de petits coins de verdure, voire même de piscines pour certains. 


Le Mbiwi sert de lieux de culture et de vie pour pratiquement tout le quartier, autour gravitent une crêperie, un magasin de souvenirs, une pizzeria, une cave à vin, une auto-école, un institut de beauté, un coiffeur, des kinésithérapeutes/ostéopathes, des médecins, des infirmières, bref, des commerçants, des artisans, des banques, ect. 


Puis dans le prolongement d'une rue voilà ce que j'ai trouvé récemment 


Une déchetterie sèche de la société en bâtiment COLAS, mais mieux encore ! Dans le prolongement d'une autre rue de Mzunguland, j'ai découvert que la rue aboutissait chez les Mahorais!


Non seulement cela, mais l'insolite s'était invité au rendez-vous


Le pittoresque aussi, d'ailleurs :


Mais pire encore ce beau belvédère n'était pas entretenu,

Et à quelques pas s'étalaient impitoyablement ces immondices. 


Mais le pire était encore à venir! Le choc fut tellement rude que je n'ai pas osé prendre ces images ! Je ne vous livrerais qu'une partie du chemin que j'ai du prendre pour revenir à la "civilisation".


Mayotte a un double visage, celui de la beauté de l'opulence et du bien-être, mais aussi celui de la misère, et du mépris que cette misère subit de la part des nantis. Le monde d'en bas subit les pires humiliations par ceux qui sont sensés leur tendre la main. 

samedi 9 janvier 2010

Nos premiers six mois à Mayotte

Nous nous sommes faits des amis, mais ils sont tous comme nous des expats. Etre expat ce n'est pas une question de couleur, mais une question de mentalité, d'origine. Et les locaux que je connais et que j'apprécie sont aussi des gens venus d'ailleurs. Les seules personnes vraiment locales que j'ai rencontrées, ne sont pas des personnes appréciables. Ils sont hautains, incompétents et plein de mépris pour les gens qui ne sont pas d'ici.


Dès que j'ai eu l'appart, je suis allée demander l'ouverture d'une ligne téléphonique et d'internet, c'était au mois d'août, je n'ai eu la ligne que fin novembre et puis début décembre ils l'ont coupée parce que je n'avais pas payé les deux premières factures téléphoniques, c'est-à-dire, celle de septembre et celle de début novembre. Ceci dit, ils prélevaient les factures d'internet depuis septembre alors que j'avais même pas internet puisque pas de téléphone. Au moment où je vous écris, je n'ai toujours pas été remboursée.


Aucun professionnel de France Télécom Mayotte, ne m'a expliqué pourquoi cela leur prenait tant de temps pour me mettre la ligne. J'y suis allée pratiquement toutes les semaines quand j'étais disponible, et toutes les semaines j'ai eu droit aux mêmes regards étonnés, aux mêmes exclamations, aux mêmes réflections, et aux mêmes solutions. Ce n'était pas normal que ma ligne n'ait pas été ouverte depuis le temps, donc on appelait le service client, on me disait qu'ils m'appeleraient tel jour pour convenir d'un rendez-vous où le technicien viendrait s'occuper de l'ouverture de ma ligne. Et puis j'attendais jusqu'à la semaine suivante et rebelote.


Ce n'est qu'une fois que j'ai eu à faire à une métro que j'ai pu enfin résoudre le problème de la connection de la ligne. Malgré les promesses du service client de France Télécom Mayotte les factures de téléphones n'ont pas effacées. Il m'a fallu appeler la métropole directement pour que les choses rentrent dans l'ordre. . Et encore... ce n'est pas fini puisque j'ai appris hier que j'avais deux connections internet alors que je ne suis abonnée qu'à une seule. Et bien sûr, après tout cela, personne a pensé présenter des excuses ou mieux m'offrir une ristourne quelconque. Il parait que c'est ainsi parce France Télécom Mayotte s'occupe de l'installation, des contrats etc...mais c'est le centre de Bordeaux qui s'occupe des factures et de l'encaissement. On voit que la confiance reigne. Donc la main droite ne sait pas nécessairement ce que fait la main gauche!


A la poste de Kawéni, j'ai vu les guichetiers malmener un Mzungu, tout simplement parce qu'il était métropolitain. Celui-ci voulait envoyer un western union et il s'est entendu dire qu'ils avaient rempli leur quota du jour et donc ne pouvaient plus accepter les mandats.


Après une heure et demi d'attente dans une queue interminable, s'entendre dire cela est assez choquant. Quand il a demandé pourquoi ils n'avaient pas afficher l'information, le guichetier auquel il s'adressait se mit à le tutoyer :
"Tu n'avais qu'à écouter au lieu de garder le nez collé à ton livre!" lui rétorqua-t-il haut et fort et avec un mépris bien appuyé.


Furieux le Mzungu demanda à voir le manager, le guichetier le renvoya d'un geste de la main, comme on renvoie une mouche, ce qui força le métro à s'adresser à l'autre guichetier, qui lui répondit avec une belle grimace méprisante et un sourire mauvais :

"Il faut aller à la direction, le manager n'est pas là!"
" Pouvez-vous, s'il vous plaît, me dire où cela se trouve, vous voyez bien que je ne suis pas d'ici ?" insista le bonhomme.
"La direction c'est là-bas," lui dit-elle en lui indiquant la porte de sortie.

Vaincu, il s'en alla sans demander son reste.


J'ai été choquée par un tel déballage de mépris et de méchanceté. Bien sûr, personne ne broncha, même pas moi. La seule qui réagit à cette scène fut ma fille qui me demanda pourquoi les guichetiers parlaient comme cela au monsieur! Là, je réagis enfin en lui disant tout simplement : "Nous sommes à Mayotte ici, pas en métropole, les lois et les règles ne sont pas les mêmes de toute évidence!"


Un autre exemple parmi tant d'autres, malheureusement : la maman de l'une des camarades d'école de ma fille, m'appelle et me demande de laisser la nounou de ma fille s'occuper de ses enfants l'après-midi, chez moi; en échange elle me ramènerait ma fille après le spectacle qui avait lieu, ce soir là, à l'école. J'étais malade et je ne pouvais pas accompagner ma fille à ce spectacle, donc sa proposition tombait à point nommé car bien que j'avais demandé de l'aide à son école, je n'avais reçu aucune proposition en ce sens.


Heureusement que la nounou qui avait accompagné les enfants au spectacle était restée pour le voir, sinon ma fille se serait retrouvée seule à 8h du soir à des kilomètres de chez nous. En effet, cette bonne femme eut le culot d'embarquer ses enfants et de laisser ma fille plantée là car elle n'avait ni la place, ni le temps de la ramener à la maison. Et quand affolée, ma fille lui rappela sa promesse, elle lui dit : "tu n'as qu'à aller voir la directrice de ton école". Heureusement, la nounou était là et elle ramena ma fille à bon port. Là non plus, il n'y eut aucun besoin ressenti de présenter des excuses ni par téléphone, ni par écrit, ni autrement d'ailleurs.


Donc, pour l'instant l'adaptation est assez difficile. A cela, se rajoute la maladie et le mauvais temps. Eh! Oui le soleil n'a duré qu'un certain temps. La mousson s'est installée et nous en fait voir de toutes les couleurs. Enfin pas vraiment, c'est gris sur gris tous les jours, et la flotte n'est bien sûr pas en reste. Puis cerise sur le gâteau, l'état des routes est catastrophique, malgré les efforts déployés. Mais je doute que ces efforts soient les bons !


Mayotte n'est pas le paradis sur terre que ce soit pour les clandestins pourchassés à longueur d'année par la police nationale, ou les métropolitains méprisés par les locaux. Et je ne parle pas de la prostitution rampante et de la pédophilie. Deux fléaux du coin, paraît-il ! Je dis bien paraît-il! D'ailleurs c'est pour cela que je n'en parle pas. Tout ce que je peux dire c'est que les gens qui ont été sympas avec moi jusqu'ici sont tous sans exception des gens qui ne sont pas Mahorais. Ils sont toujours d'ailleurs!

Ce serait quand même dérangeant de conclure que les Mahorais sont tous ainsi pour la seule raison que ceux que je connais en métropole - et certains sont même des membres de ma famille - sont des gens généreux et fabuleux.


Alors je ne vais pas choisir cette conclusion, car ce serait dire qu'un bon Mahorais ne se trouve qu'en métropole. Ce qui serait quand même une ineptie! Je pense qu'il va falloir patienter et voir comment les choses évoluent tout simplement.

dimanche 9 août 2009

Mayotte


Le lagon de Mayotte

Pour ceux qui ne sauraient pas, Mayotte se situe dans l'Archipel des Comores, au nord-ouest de Madagascar, dans l'Océan Indien. Elle est officiellement à près de 8000 km de la France, c'est l'une des collectivités d'outre-mer française, l'autre étant Saint Pierre et Miquelon au Canada.

Nous venons d'y débarquer et nous allons y séjourner un bon moment. Alors bien sûr on essaie de s'y acclimater. C'est la fin de la mousson, la saison des pluies. Mais depuis que nous sommes là, il n'y a pas eu une seule goutte de pluie. Et la saison sèche arrive à grands pas avec son soleil torride.

Mais pour l'instant....

Nous avons été accueillies par une association qui s'appelle BEKAJI et qui s'occupe de l'accueil et l'acclimatation des expatriés. Attention ils ne sont pas envahissants, bien au contraire, mais ils sont disponibles quand on a besoin d'eux, et ça c'est rassurant.

Nos premiers jours se passent chez "l'habitant", dans notre cas c'est une expat qui nous accueille. Cela fait un an qu'elle est là et elle rend le service qu'on lui a rendu il y a un an. Service hautement appréciable. Elle vit dans une maison mahoraise avec deux varangues. Voici des images de la varangue que j'apprécie le plus. C'est une pièce de vie qui donne sur l'extérieur et sur une vue majestueuse du lagon.





Cette pièce est extrêmement accueillante et agréable. Les couleurs se marient et sont reposantes. De moi-même, je n'aurais jamais osé, mais la personne qui a peint cette pièce a été inspirée. Et puis enfin la vue que l'on a de cette pièce ...


Le lagon par delà la mangrove qui s'étend devant la maison


C'est le meuble le plus original que j'ai vu dans cette maison. Cette chaise fait partie d'un lot et a une table qui lui est assortie. Serait-ce de l'artisanat local, je n'en sais rien. Cependant cela n'a pas l'air très confortable, d'ailleurs il faut y ajouter un coussin pour s'y asseoir.

Et enfin notre première sortie à la plage. On nous a conseillé la plage de Sakouli, une plage aménagée spécialement pour les wazungus, c'est-à-dire, les européens toutes races confondues d'ailleurs. C'est une plage de sable noir. Et hier on pouvait y attraper la vague.






Et puis juste devant la plage, des baobabs, ces arbres majestueux et magnifiques, demeures magiques des djinns d'Afrique. Car Mayotte a beau être française, elle est africaine avant tout.

Ici carrément au bord de l'eau.
Et les racines de cet arbre s'étendent sur une bonne partie de la plage.

Celui-là, fendu en deux s'abrite dans la mangrove


Celui-ci marque le chemin vers la plage.

Un peu de musique